# Who's That Chick ?

[ Vert = Intro.
Noir = Actions.
Bleu = Paroles.
Italique = Pensées.
Rouge = Autres. ]

▬ Je m'aime ; au moins c'est réciproque ...

• Naïade avançait d'un pas actif à travers la Forêt de Pins. La tête levée, elle humait les odeurs qui étaient nouvelles pour elle, du territoire de la Tribu de l'Horizon. Ces terres seraient désormais son refuge, si le dominant actuel l'acceptait. Les oreilles pointées vers l'avant, abimée dans ses réflexions, la baie brune ressentit à peine le courant d'air froid qui passa sur son corps et la fit frissonner. Elle arrivait dans une petite clairière parsemée de petites fleurs pourpres. La belle leva la tête vers le ciel, qu'on arrivait à distinguer à travers les branches des arbres. Le soleil baignait la clairière par longues zébrures de lumière et des papillons voletaient tranquillement. L'air était tiède ; on aurait dit que cet endroit n'avait jamais connu l'hiver. Naïade souffla profondément et alla dans un coin de la clairière pour brouter l'herbe haute, si rare en cette saison. D'un mouvement d'encolure, elle chassa les aiguilles de pins qui lui étaient tombées sur la crinière. Un mouvement attira son attention et elle releva brusquement la tête ; une silhouette venait vers elle. La jument inspira profondément, instiguant l'odeur d'un étalon. A mesure qu'il s'approchait, elle le reconnut ; c'était Rox, dominant de la Tribu de l'Horizon. Elle alla vers lui, et s'arrêta à quelques mètres de distance. D'une révérence pleine de déférence, elle le salua puis se releva et lui fit face. Les deux yeux ambrés de la ponette ne lâchaient pas l'étalon des yeux.

Je me baladais sur les terres de ma tribu. Un vent frais me donna des frisons. Mais je continuai ma ballade. j'arrivai dans une clairière remplie de petites fleurs. Je m'arrêtai alors pour brouter l'herbe verte. Je relevai la tête quand un petit cri se fit entendre. Et là, sous mes yeux ébahis, j'aperçus un petit oit ions essayant de voler. Il battit des ailles et réussi enfin a s'envoler. Je fus attendri par cette scène. Et oui, sous ses airs de gros dur et de coureur de jupons se cachent enfaités un cheval doux , sensible et attentionné. Je me remis à marcher doucement. Soudain, je sentis une odeur. Je relevai la tête, et me concentra sur l'odeur. Au loin , j'aperçus la silhouette d'un cheval s'approcher. Je reconnut une jument. Elle s'approcha de moi, et me fit une magnifique révérence. Je fus touché par cet acte. Alors, à mon tour , je tendis ma jambe droite devant moi, et replia la gauche, et arrondie mon encolure, puis me releva avec finesse.

• La baie brune détailla l'étalon de ses yeux d'ambre. Incontestablement typé Haflinger, il possédait une magnifique crinière blanche comme neige, avait un port de tête fier, une stature solide et un profil légèrement concave. Une longue liste s'étirait de son front jusqu'à ses naseaux, mettant ainsi en valeur sa robe dorée et ses yeux intelligents. Il faisait à peu près la même taille que Naïade, c'est à dire aux alentours du mètre quarante-cinq. Il avait des allures de dominant, ce qui était normal au fond, venant du dominant de la Tribu de l'Horizon. Rox exécuta une magnifique révérence ; Naïade fut profondément touchée par ce geste, marque habituelle de respect chez un supérieur, qu'il ne lui devait en aucun cas. La baie brune sourit et alla jusqu'à lui pour lui souffler amicalement dans les naseaux. Elle se recula ensuite et prit la parole d'une voix douce et chantante, pleine du respect qu'elle vouait à son dominant qui était néanmoins âgé de deux ans de moins qu'elle :

« Salutations. Rox, je suppose ? Je suis Naïade, de la Tribu Horizon. »

Elle me regarda avec ses petits yeux malicieux.

- Enchanté, Naïade !

Puis, je baissa ma tête puis la releva, signe de respect. Cette jument était vraiment magnifique. C'étais une belle Wesh baie brune. Sa crinière noir ébène volait a cause du vent. Je remarqua qu'elle semblais touchée par mon geste. Je lui sourria et lui dis, d'une petite voix :

- Tu n'a pas a être surprise par mon geste..

♦ Around The World

• Naïade vit l'étalon en face d'elle baisser la tête, en un signe de respect qui la stupéfia littéralement. Elle resta un instant statufiée, puis elle ronfla des naseaux et secoua la tête. Elle fit un pas en arrière et reporta son attention sur son dominant qui l'observait en souriant - pas un sourire plein de mépris comme ceux qu'elle avait l'habitude de voir, non. Un vrai sourire, naturel, qui la toucha au plus profond du coeur. Elle alla souffler dans les naseaux de son dominant et se recula d'un pas ; ils étaient tout près désormais. Elle ne le connaissait que depuis quelques instants, mais pourtant elle avait l'impression qu'elle l'avait déjà rencontré, qu'ils se connaissaient depuis toujours. La baie brune mit ses pensées absurdes de côté et observa Rox avec un sourire en coin, avant de répondre franchement :

« Tu es mon dominant, Rox. Il est étonnant que tu montres du respect pour un équidé, inconnu qui plus est, qui vient d'arriver sur ce territoire qui est le tien. »

Étonnée qu'ils en soient déjà arrivés au stade de se tutoyer, elle n'en dit rien néanmoins, préférant observer le Haflinger en attendant qu'il lui réponde.

Quand la jument me dis ceci, je baissa la tête..

- J'espérais que tu ne dirais pas ça.. Je suis peut être le dominant, mais je reste un cheval malgré tout...

Puis, je releva la tête pour la fixé dans les yeux. Oui, j'étais certes le mâle dominant, mais ce n'est qu'un rôle après tout... Au fond de moi, je suis toujours ce cheval ordinaire... En aucun cas j'aurais voulue qu'elle me montre du respect. Je ne le méritait pas. C'étais elle la jument, pas moi. Dans ses yeux, je vus une petite lueur d'espoir..

- Je suis un cheval ordinaire..

• Naïade souffla doucement, désolée d'avoir fait de la peine à l'étalon. Elle s'approcha de lui et lui souffla doucement dans les naseaux, en un geste vain de réconfort. Un oiseau chanta soudain, et elle leva doucement la tête. Elle recula d'un pas, surprise, entrant ainsi dans la lumière, quand l'oiseau s'envola et passa à ras de son encolure ; sa robe flamboya soudain sous l'éclat du soleil. Elle fixa Rox de ses yeux d'ambre qui paraissaient être faits de reflets d'or liquide. Naïade fouetta l'air de sa queue d'ébène, hésitant à prendre la parole.

« Rox, non ... Relève la tête, je t'en prie. Je ne souhaitais absolument pas te faire de la peine ... Bien sûr que tu es un cheval normal. Tu es simplement plus haut gradé que les autres. Montre toi fier de ton rôle, Rox, puisque tu en es digne. »

Ses paroles, sorties du fond du coeur, étaient empreintes d'un accent de véritable sincérité. Rejoignant son dominant, comblant ainsi le peu d'espace qui les séparait, la ponette posa son front contre le chanfrein du Haflinger.

« Tu as la force et le devoir de traverser les épreuves. » souffla-t-elle d'un ton soudain grave, se rappelant des souvenirs douloureux qui étaient les siens.

Elle se détourna et baissa la tête, soudain en proie au désespoir.

Cette fois si, je fus touché par ces paroles. Elle venait du coeur. Je me redressa alors..

- Tu a raison, c'est mon devoir de veiller sur la tribu..

Je me rapprocha de la belle baie et la fixa. Elle semblais gênée, et désespérée. Alors, je souffla un bon coup et pris la parole :

- Que se passe t-il?

• La belle eut un sourire triste et leva ses yeux d'ambre vers son dominant. Elle secoua la tête plusieurs fois, semblant vidée de toute énergie, puis elle releva la tête et fit face à l'étalon avec comme un air d'excuse gravé dans ses prunelles scintillantes. D'une voix d'abord tremblante, qu'elle réussit à faire ferme, elle répondit simplement :

« Tu sais, Rox, je ne crois pas que même toi tu puisses comprendre. »

Puis elle poussa un soupir et adressa son irrésistible sourire en coin au Haflinger. Elle se mit à marcher sur le sentier qui serpentait à travers la forêt, faisant signe à Rox de la suivre. Tranquillement, elle suivit le chemin tortueux, faisant gaffe de ne pas se prendre les sabots dans une racine tout en écoutant la réponse de Rox ... S'il y en avait une.

Naïade me fis signe de la suivre. Alors, je me mis a marcher derrière elle. Son allure était splendide. On aurais dis qu'elle volait. Elle continua a se déplacer avec souplesse. Alors, je décida de lui répondre :

- Il y a pleins de choses que tu ne sais pas sur moi.. Alors je pense pouvoir comprendre..

Et je continua a la suivre. Nous arrivâmes alors dans un petit sentier. Avec grâce, elle zigzaguait entre les racines qui jonchait le sol.. Quand à moi, je m'efforça de me concentrer pour la suivre mais j'attendais sa réponse..

• Une vague de désespoir, de rage et de tristesse mêlées emporta Naïade. Les yeux flamboyants, elle se retourna et fit face à Rox. La colère faisait flamboyer ses yeux d'ambre et le soleil inondait sa robe baie de longues zébrures qui rendaient la jument presque irréelle ... Et totalement irrésistible.

« Je n'ai plus personne, Rox ! Plus personne ! Ils sont tous morts. J'avais promis de veiller sur eux, et ils sont tous morts ! Morts, Rox, tu m'entends ?! » gronda-t-elle de sa voix de basse, surprise elle-même de se dévoiler ainsi à son dominant.

Comment osait-elle tourner sa colère contre lui ? Elle se détourna et partit au galop, tête basse, à l'aveuglette, les larmes roulant sur ses joues. Jamais elle ne s'était ouverte si librement à un autre cheval, quel qu'il soie ; la raison l'avait toujours emportée sur ses émotions. Sa famille, son troupeau, tous ceux qu'elle avait juré de protéger, étaient morts. En réalité, Naïade était une ancienne jument dominante, mais ce n'était que le passé, et elle ne l'avait révélé à personne. Lors d'un violent incendie, elle avait sauvé sa vie, mais pas celle de son troupeau ... Ce qu'elle regrettait intensément. Elle aurait pu les sauver ; à la place, elle avait fui lâchement et les avait abandonnés aux griffes de la mort. Elle n'était pas une bonne dominante, c'était faux. Ils lui avaient fait confiance ... Ces frères, qu'elle aimait au plus profond de son coeur, et qu'elle avait trahis.
Naïade s'arrêta brutalement, tête basse, ravagée par le chagrin et la blessure béante que ravivait le souvenir de ces équidés qu'elle avait tant aimés. Elle ne prit même pas la peine de se retourner pour voir si Rox était toujours là. Elle leva la tête vers le ciel et hennit longuement, une plainte déchirante qui traduisait tout son désespoir.

Cette révélation me fit un choc. Jamais je n'aurais crus que Naïade avais été chargée d'un troupeau avant d'arriver dans la tribu..

- J'ignore ce qui c'est passé, mais a mon avis, ce n'est pas ta faute. Tu n'a pas a te sentir coupable.

Je m'arrêta et la fixa en attendant sa réponse.

• Naïade souffla doucement et leva la tête vers le ciel. Elle laissa s'écouler les secondes, puis se retourna lentement vers Rox. Il avait l'air comme ... Choqué. Mais bon, rien d'étonnant, après ce qu'elle venait de lui dire ...
La baie brune se tourna vers Rox et lui raconta son histoire d'une traite. [voir post précédent] Quand elle eut fini, elle ronfla des naseaux et observa l'étalon à travers une mèche de son toupet en bataille. Qu'allait-il en penser ? La laisserait-il tomber, lui aussi, comme les rares qui avaient connu son histoire ? Devrait-elle affronter la solitude, seule, à nouveau ?...

Après le récit de son histoire, j'eus énormément de peine pour Naïade. Elle avait du souffrir. Je sais ce que c'est d'avoir la charge d'une tribu. C'est loin dêtre une partie de plaisir... Je sais qu'on doit faire des choix. Et Naïade avait du faire un choix. Je pense que si elle ne c'étais pas sauvée, elle aurais dépérit aussi.. Je m'avança vers elle, et lui souffla gentiment dans les naseaux.

- Je suis là, Naïade.. Ne t'en fais pas..

• Naïade, les yeux fixés vers le ciel, le souffle court, murmura ce qui semblait être une confidence faite au ciel, aux disparus qui n'étaient d'autres que sa famille, ses amis, ces êtres chers qui avaient disparu par sa faute. Rox souffla doucement dans les naseaux de la baie brune. Sans réfléchir, celle-ci colla ses lèvres contre celle de l'étalon Haflinger. Le geste fut très bref ; elle se détacha bien vite de son dominant, comme horrifiée. Elle recula de quelques pas, honteuse et furieuse contre elle même. Elle leva des yeux implorants vers Rox, comme une gamine apeurée qui aurait fait une connerie. Quoique c'était bien la situation de l'instant ...

« Rox ... Oh, Rox ! Excuse moi ... Je ne sais plus vraiment où j'en suis en ce moment ... Pardonne-moi, je t'en prie ... » souffla Naïade, désespérée.

Elle était vraiment douée pour perdre ceux qui comptaient pour elle ...

Naïade posa ses lèvres sur les miennes. Il me fallut quelques secondes pour prendre conscience de ce qui venait de se passer. Naïade recula d'un coup, a la fois gênée et en colère. Je me contenta de hennir doucement.

- Ne t'en fais pas, c'est rien..

Je me rapprocha d'elle, et lui mordit gentiment le garrot..